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[ZAD NDDL] Contre l’aéroport et après : l’indispensable cohésion

Zad de Notre-Dame-des-Landes

Unité, solidarité : une cohésion à toute épreuve ! La Zad et son monde représentent des biens communs d’utilité manifeste, à défendre aujourd’hui et demain, pour les luttes en cours et à venir…

C’est déjà évident aujourd’hui. Ce le sera d’autant plus demain : grâce aux paysans historiques mobilisés dès les années 1970, et à toutes celles et ceux qui ont suivi, la lutte tenace de Notre Dame des Landes, et son occupation des terres, s’affirme comme un bien précieux pour les militant·es bataillant contre le rouleau compresseur capitaliste et la dépossession de nos vies. Pour le collectif syndical contre l’aéroport et son monde, passé, présent et futur de ce site de résistance aux portes de Nantes comptent donc tout autant. Si le projet d’aéroport devait être enterré, son monde reste notre ennemi permanent. Et le restera.

Un bien commun des luttes

Depuis des années, cette zone à défendre a largement dépassé le cadre géopolitique de la région nantaise, incarnant un pôle de combativité face à l’Etat, aux multinationales, aux féroces appétits de terres, mais aussi un lieu des possibles tentatives de sortie du système de production et d’échanges capitalistes. En ce sens, Notre Dame des Landes représente un véritable bien commun des luttes. Ce formidable patrimoine partagé, collectif, est aussi un terrain d’expérimentation sociale et politique qui rayonne au-delà des frontières.

Cet espoir vivant et durable, concret, pugnace, beaucoup de gens qui luttent l’ont fait leur. Un peu comme le Chiapas, ou depuis moins longtemps le Rojava kurde, ont ouvert des brèches dans le système, suivies avec intérêt par les militant·es attentif·ves aux expériences de vies qui se reprennent en main, qui s’émancipent du capitalisme, des rapports de profit, d’exploitation et de domination.

Sur place, dans le périmètre de la Zad, les innovations sociales et politiques composent aussi une part du paysage partagé par les résistant·es à tous niveaux. Résistant·es au productivisme, à la dilapidation des espaces agricoles, aux remises en cause brutales des acquis sociaux, mais aussi à la criminalisation des actions syndicales et plus largement militantes, ou aux restrictions des libertés publiques renforcées par l’état d’urgence. Toutes offensives relevant d’une même logique d’un système de plus en plus autoritaire, soumis à la seule loi du profit.

Un outil d’intérêt général pour les luttes

Cette enthousiasmante zone à défendre est aussi un outil des luttes, lié et allié aux sans-papiers à Nantes, Rennes, Calais ou ailleurs, aux Grecs résistant aux énièmes vagues d’austérité libérale, aux Italiens de la vallée de Susa bataillant contre le projet Lyon-Turin... Un mouvement qui renoue aussi avec les alliances ouvriers-paysans qu’a connu la région nantaise en Mai 68 et lors les années qui ont suivi avec le mouvement des Paysans-travailleurs. Le territoire de la zad incarne aujourd’hui une solidarité durable avec les luttes du monde paysan pour une autre agriculture que celle qu’impose le système capitaliste et le productivisme. Nous sommes nombreux·ses à nous y retrouver, au sens propre comme au figuré.

Les capacités du mouvement anti aéroport, toutes composantes unies, à tenir face aux velléités des partisans de l’ordre, aux manigances des actionnaires du béton et aux dividendes des profiteurs, ont donc inspiré bien au-delà des périmètres locaux et conquis les participant·es aux grands rassemblements, blocages et manifestations et celles et ceux qui observent de plus loin sans y avoir mis les pieds…

La naissance de « La Cagette des terres », réseau de solidarité et de ravitaillement des piquets de grèves, squats de migrants ou occupations de facs, nous paraît une raison importante de plus de tenir à un espace de lutte sans lequel cet outil de soutien à la combativité ouvrière et de convergence des luttes n’existerait pas. C’est d’autant plus crucial face à l’offensive ultralibérale du gouvernement et de ceux qui l’ont précédé, face à la guerre ouverte pour détruire le code du travail et accroître toujours plus les conditions d’une exploitation « libre et non faussée » des salarié·es. C’est bien le même bulldozer ultralibéral qui tente de supprimer les droits des salarié·es que celui qui voudrait détruire le bocage de la zad.

Plus que jamais, il importe de veiller à maintenir cette enclave, son statut de bien commun des luttes, son rôle d’intérêt général irremplaçable au service de ces luttes. Pour le collectif syndical contre l’aéroport, la perte d’un tel symbole des luttes et outil actif de leur convergence n’est pas envisageable une seconde, pas plus que des négociations pour discuter d’une évacuation.

Jusqu’ici, face aux diverses menaces d’expulsion, manœuvres et tentatives de division, seule la cohésion entre ses composantes, hétérogènes mais toujours unies, a bâti un rapport de force qui a fait échouer ces intentions néfastes. Largement discutée et approuvée, la plate forme commune, « Les 6 points pour l’avenir de la zad »* définit les objectifs partagés.

A l’heure où la mission des médiateurs laisse planer l’hypothèse d’un possible abandon du projet, mais assorti, disent-t-ils, d’un « retour à l’ordre », le collectif syndical contre l’aéroport réaffirme son soutien indéfectible à un autre bien commun : l’unité dans la diversité des modes d’action et des mobilisations. C’est cette cohésion qui a fait reculer le pouvoir jusqu’ici, c’est cette cohésion qui arrachera l’abandon du projet, c’est encore cette cohésion qui permettra de garder cette zone, ses terres, son esprit et ses espoirs vivaces.


* Les 6 points pour l’avenir de la zad

Nous défendons ce territoire et y vivons ensemble de diverses manières dans un riche brassage. Nous comptons y vivre encore longtemps et il nous importe de prendre soin de ce bocage, de ses habitant-e-s, de sa diversité, de sa flore, de sa faune et de tout ce qui s’y partage.
Une fois le projet d’aéroport abandonné, nous voulons :

  • Que les habitant·e·s, propriétaires ou locataires faisant l’objet d’une procédure d’expropriation ou d’expulsion puissent rester sur la zone et retrouver leurs droits.
  • Que les agriculteur·trices impacté·es, en lutte, ayant refusé de plier face à Ago-Vinci, puissent continuer de cultiver librement les terres dont ils et elles ont l’usage, recouvrir leurs droits et poursuivre leurs activités dans de bonnes conditions.
  • Que les nouveaux habitant·es venu·es occuper la zad pour prendre part à la lutte puissent rester sur la zone. Que ce qui s’est construit depuis 2007 dans le mouvement d’occupation en termes d’expérimentations agricoles hors cadre, d’habitat auto-construit ou d’habitat léger (cabanes, caravanes, yourtes, etc.), de formes de vie et de lutte, puisse se maintenir et se poursuivre.
  • Que les terres redistribuées chaque année par la chambre d’agriculture pour le compte d’Ago-Vinci sous la forme de baux précaires soient prises en charge par une entité issue du mouvement de lutte qui rassemblera toutes ses composantes. Que ce soit donc le mouvement anti-aéroport et non les institutions habituelles qui détermine l’usage de ces terres.
  • Que ces terres aillent à de nouvelles installations agricoles et non agricoles, officielles ou hors cadre, et non à l’agrandissement.
  • Que ces bases deviennent une réalité par notre détermination collective. Et nous porterons ensemble une attention à résoudre les éventuels conflits liés à leur mise en œuvre.

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