Le dossier « Anatomie d’un basculement : comment l’underground numérique a été capturé » dresse l’histoire du glissement de la contre‑culture Internet vers un libertarianisme autoritaire. Elle montre comment les communautés nées de l’éthique hacker et des cypherpunks, jadis animées par le partage, la valorisation du collectif, l’emancipation, l’anonymat et la méfiance envers toute centralisation, se sont retrouvées aspirées par la surveillance de masse, la plateformisation et la fatigue cognitive.

Exploitant archives, fuites récentes et cartographies détaillées des forums, le dossier décrypte les pérations d’ingénierie du chaos révélées par des leaks, identifie les États, entreprises et groupes privés qui instrumentalisent la radicalité et explique pourquoi la culture mème, du simple gag à la propagande, est devenue le vecteur d’une normalisation de la brutalité sociale.

Le dossier retrace les étapes clefs : du tournant sécuritaire post‑11 Septembre à la marchandisation intégrale des affects, en passant par l’érosion de la pensée critique sous le poids de l’ironie et du cynisme.

Sans sensationnalisme, il met en lumière les ressorts économiques, techniques et psychologiques d’une capture cognitive presque totale, tout en esquissant les conditions d’une possible résilience : recomposer des réseaux vraiment libres pour redonner sens à la solidarité en ligne et reconstruire un imaginaire émancipateur avant que l’écosystème numérique ne se referme définitivement sous l’impulsion constante des technocrates libertariens.