Les ingénieurs ne refleuriront pas les campagnes
C’est l’idée la plus répandue parmi les ingénieur·es et autres technocrates : à tous problèmes (sociaux, écologique, etc.), il existe une solution technique.
Le SPACE se veut être l’espace de développement, d’échanges et de rencontres prouvant que la technique trouvera les solutions pour résoudre les problèmes économiques des éleveur-ses conjointement avec celui du dérèglement climatique.
Le constat de l’agro-business fait pourtant mal aux yeux : les petits éleveur-ses sont assimilé·es ou contraint à la "modernisation", une industrie qui dirige totalement la vie des animaux pour plus de production (avec des conditions de "vie" cruelles, de la sélection génétique...), une déforestation accrues aux 4 coins de la planète pour nourrir (mal) ces mêmes animaux, etc.
Mais ce salon continue la fuite en avant vers toujours plus de dépendances à des techniques et matériels couteux qui rendent les agriculteur-ices toujours plus dépendant·es aux banquiers.
Ici une conférence intitulée "L’imagerie 3D au service de l’élevage". Là une autre sur la "Smart Agriculture".
Je travail pour payer mon gros tracteur. Je paye mon gros tracteur pour aller travailler
Ecologie, l’agro-industrie n’est pas la solution
Dans chaque problème, l’industrie tente de s’en emparer comme une nouvelle opportunité économique. Si dans ce salon il n’est pas question d’écologie (ça ferait peur aux éleveur-ses) la réduction des GES (Gaz à effet de serre) est par contre une thématique bien présente, accompagnée de label et d’organismes d’expertises venant vendre leurs services.
Un exemple avec la conférence intitulée : "On se met au carbone : les 5 questions pour comprendre le lien entre élevage et changement climatique", animée par Catherine Brocas (Idèle).
Idèle c’est pour Institut de l’élevage, un organisme d’expertise menant des "programmes d’amélioration génétique et des systèmes nationaux d’identification / traçabilité" [1]. On est en plein dedans : entre opportunisme d’institut d’expertise et informatisation du métier.
L’intervenante était déjà venue au SPACE en 2017 pour présenter le label Bas carbone et son outil d’expertise CAP2’ER. Une journaliste de "L’éleveur laitier" résume très bien leur fonctionnement :
"Pour la Ferme laitière bas-carbone, tous les moyens sont bons pour inciter les éleveurs à s’engager. Elle voit donc comme une vraie opportunité le tout nouveau label bas-carbone. Il permet une certification des réductions et leur monétisation une fois transformées en crédits carbone." [2]
Ces crédits carbones seront ensuite revendu sur les marchés à d’autres entreprises qui elles pourront polluer en toute tranquillité. La boucle est bouclée.
Combattre le spécisme [3] , combattre le capital
Mais un tel salon ne peut plus se dérouler sans aussi prendre en compte le "bien-être animal". Entre agrandir la taille des cages et proposer une "Station de grattage pour vache" (Dairy Scratchy [4]), les robots-éleveurs ne savent plus quoi inventer pour redorer leurs activités et continuer à vendre des produits animaux.
L’agro-industrie organise l’exploitation des animaux à large échelle, conditionne, enferme et tue les animaux pour continuer à prospérer.
Les visites organisées au sein du salon donne un rapide aperçu du monde qu’illes nous vendent : un élevage de poulets de chair pour Mc Donald’s, une exploitation de 1 000 brebis (Mont-Saint Michel), un élevage de 12 000 poules pondeuses "bio" ou encore une exploitation pratiquant "l’Agriculture Ecologiquement Intensive" (AEI).
Mais les réels intérêts des animaux ne seront jamais pris en compte tant qu’ils serviront l’économie et les humain·es. Si l’on souhaite libérer un tant soit peu les animaux, il faudra arrêter de participer à leur exploitation, tant en adoptant des modes de vies respectueux, qu’en combattant collectivement ce genre de salon et leur monde.
Plus d’infos sur :
- La lutte contre la gestion et l’informatisation de nos vies : Collectif Ecran Total
- La lutte contre le spécisme : Brochures sur l’antispécisme
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