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[5 décembre] "La révolution arrive" !

Rennes
Mouvements sociaux Syndicalismes - Travail

"La révolution arrive". Les nombreux tags qui ont fleuris sur le parcours de la manifestation du 5 décembre résument assez fidèlement l’ambiance qui s’est emparée des rues de Rennes durant une partie de la journée en ce 5 décembre. Une sacrée fièvre et soif de vaincre partagée par les très nombreux/ses grévistes présent·e·s. 13 000 selon la préfecture, 15 000, 20 000, 30 000 selon les manifestant·e·s elleux-mêmes. Tant de monde ! Les images parlent bien plus que ce rapport comptable un peu désuet. Combien de personnes peuvent s’entasser en même temps dans un espace allant du début du parcours à la place de Bretagne ? Un problème mathématique que nous laisserons aux commentateurs et autres experts de salon pour nous concentrer sur tout ce qui a fait de cette date celle du retour du magique et des paillettes dans les rues de la capitale !
(voir aussi le live).

Dès 6h du matin, le ton était donné pour cette journée de grève qui s’annonçait massive. Quelques centaines de personnes se retrouvaient au métro Italie pour un départ en cortège vers une action de blocage au rond-point de l’Alma à l’appel de l’Assemblée Générale Interprofessionnelle. Au même moment, les étudiant·e·s de Rennes 2 et celleux de Sciences Po bloquaient leur campus.

La représsion était elle aussi présente et implacable, saborda la première action de l’AGI en tentant de nasser le blocage et en procédant à l’embarquement de 17 personnes pour vérification d’identité et/ou garde à vue.

En réaction, les personnes présentes à Rennes 2 allèrent installer quelques barricades enflammées dans le quartier de Villejean pour soutenir les camarades pris en tenaille par la police !

Pendant ce temps, un groupe de Gilets Jaunes tient un barrage filtrant porte de Cleunay.

10h30, Charles de Gaulle, la foule est dense, très dense. La fête foraine installée, il est difficile de se rendre compte de l’affluence. Des cortèges divers s’étalent dans le quartier, et il est difficile de rejoindre la tête de cortège. À 11h, des milliers de personnes s’élancent rapidement vers le boulevard de la liberté. Le cortège de tête grossit de mètre en mètre et dépasse rapidement le millier de présent. Fruit de l’intelligence collective, les différentes composantes du cortège de tête laissent du temps pour éprouver la force collective en train de se constituer. Le banderole game est lui de très haut niveau !

À l’angle des quais, le cortège de tête emprunte le parcours initial en filant en direction de l’Est tandis que le reste de la manifestation commence à emprunter les quais dans l’autre sens. Malgré la boucle supplémentaire, le cortège de tête n’est pas distancé. Un indice supplémentaire de son caractère massif. Il est possible de compter à ce moment là quelques milliers de personnes (3000, 4000 ?).

À partir de là, le cortège de tête colle au plus près de la frontière entre l’hyper-centre gardée par la police tandis que le reste de la manifestation emprunte les voies sud des quais. Le cortège féministe prend la tête de la manifestation et avance en rythme avec le cortège de tête de l’autre côté des quais. De nombreux tags fleurissent sur les murs, une agence bancaire de la BNP est attaquée, les slogans résonnent. À l’arrière, la musique du tracteur-bétaillère de la BIC met l’ambiance, tandis que résonne les nombreux slogans syndicaux dans les divers cortèges professionnels.

Les quais sont entièrement remplis lorsque la tête arrive quais de Bretagne. Les chiffres ne comptent plus, la ville est noyée sous la foule, et pour une fois, pas sous les gaz ! À ce moment, les actions s’intensifient. De nombreuses agences immobillières voient leurs vitres voler tandis que le reste de la manifestation entonne régulièrement les mêmes slogans. L’inventivité n’est pas encore au rendez-vous... Des poubelles s’enflamment au passage du cortège aux différents angles de rues. L’ambiance est à la fête !

Revenu au point de départ, le second tour part assez rapidement. Beaucoup de monde n’a pas le temps de se rendre compte de la relance des hostilités. Une partie de la manifestation fête déjà cette journée devant les enceintes d’un système...

Fort heureusement, le cortège du second tour emprunte l’avenue de la liberté pour filer vers République en repassant devant le premier tour pas encore terminé. Quelques milliers de personnes tentent de rejoindre les quais mais sont finalement repoussés au niveau de la rue Vasselot. L’après-midi est lancé, le canon à eau, les charges et les gazs sont de sorties.

Progressivement, le cortège est repoussé vers le Sud et stagne longuement sur l’esplanade Charles de Gaulle avant de se retrouver dégagé vers le quartier Sud-Gare. À partir de ce quartier, la manifestation n’est plus vraiment et de nombreuses personnes se dispersent tandis que les unités mobiles de la police traquent ce qui ressemble à des manifestant·e·s.

Malgré cette ambiance répressive, quelques deux cents personnes réussissent à reformer un cortège au départ de l’esplanade Charles de Gaulle en direction de la préfecture apparemment envahie par les pompiers grévistes. Plusieurs fois confrontées à des voitures de police qui tentent de mettre la pression à ce petit cortège, les personnes présentes arrivent pourtant à entrer dans l’hyper centre-ville surprotégé deux heures auparavant au cri du coutumier "le centre-ville il est à qui ? il est à nous".

Arrivé devant la préfecture aucune trace des pompiers, le centre ville est donc réinvesti et le petit cortège atteint enfin la place Saint-Anne. Toujours sous pression policière, une partie file vers les Lices tandis que d’autres stagnent.

Quelques minutes plus tard, environ trois fourgons de police deboulent sur la place et alors que quelques clients en terrasse scandent un tout le monde détestent la police, décide procéder à une interpellation. En réaction, des chaises volent et très rapidement, plus d’une centaine (deux cents ?) de personnes les prennent à partie et tentent de mettre la pression pour récupérer le client embarqué. Penauds, les policiers finissent par fuir et même si la liesse qui s’empare des personnes présentes est belle, une nouvelle personne manque à l’appel.

A l’issue de cette journée, 10 personnes ont été interpellées selon la préfecture. N’hésitez pas à organiser le soutien ou a contacter la défense collective pour plus d’infos !

Le bilan de la journée est incroyable, des dizaines de milliers de personnes rien qu’à Rennes, partout en Bretagne, des cortèges massifs (30 000 à Nantes, 10 000 à Saint-Brieuc, Quimper ou Lorient, quelques milliers dans des villes comme Morlaix ou Quimperlé...). Des actions de blocages réussies mais reprimées à Lorient, Nantes ou Rennes. La reconduction votée dans des assemblées professionnelles rassemblant à chaque fois quelques centaines de personnes. Le mouvement social fort d’un an de gilets jaunes semble partir à l’assaut du ciel, et cette fois-ci, gageons que plus rien ne pourra l’arrêter.

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