La période dans laquelle nous sommes est lourde de dangers pour les libertés publiques, les droits sociaux, les solidarités, les services publics. Le service public d’éducation, de la maternelle à l’université, subit les assauts de l’austérité et du libéralisme, qui vise à adapter la formation aux conditions contemporaines du capitalisme, mais aussi des forces réactionnaires, qui gagnent du terrain. Les récents débats autour de l’école qui ont agité la primaire de la droite, autant sur le nombre de fonctionnaires que sur le contenu des programmes (notamment ceux d’Histoire), illustrent bien les dangers qui pèsent pour toutes celleux qui portent des projets d’éducation émancipatrice. La défense du service public est donc plus que jamais à l’ordre du jour. Ceci ne signifie pas qu’il faille s’en tenir à la simple défense de l’existant. Si nous devons refuser une logique comptable faisant de la réduction des coûts le premier critère de gestion, si nous devons lui opposer une autre logique dont la priorité serait la satisfaction des besoins collectifs, nous ne devons pas renoncer à remettre en cause une école socialement inégalitaire, porteuse de discriminations de genre et racistes. Nous ne devons pas abandonner non plus la critique de l’organisation hiérarchique des services publics pour lui opposer une alternative autogestionnaire. De même, la promotion des pédagogies coopératives est une dimension essentielle d’un projet d’école émancipatrice. Nous devons donc livrer deux batailles parallèles : pour le maintien du service public mais aussi pour une autre école. Cette approche est tout aussi valable pour l’Enseignement supérieur et la recherche, qui ne doit pas conditionner les étudiantes et les étudiants à accepter l’idée que la vie ne sert qu’à produire et consommer. Nous refusons l’asphyxie budgétaire et la marchandisation, et nous défendons bien au contraire l’idée d’une Université et d’une Recherche émancipatrices permettant l’accès de toutes et tous aux savoirs et aux résultats de la recherche : leur mission principale doit rester de produire et de diffuser les savoirs et leurs critiques.
Il y a urgence à faire entendre des voix alternatives, à les porter dans le débat d’idées et dans les mobilisations
L’histoire du syndicalisme et des mouvements pédagogiques visant l’émancipation est traversée par une conviction plus que jamais d’actualité : l’alternative sociale et l’alternative éducative sont indissociables. Il ne peut pas y avoir d’école réellement émancipatrice dans une société socialement hiérarchisée, fondée sur l’inégalité et l’exploitation de la force de travail par les propriétaires des capitaux ; il ne peut pas y avoir de société égalitaire sans une école émancipatrice. Cela n’amène à aucun cercle vicieux dont il serait impossible de sortir, mais à la nécessité de mener de front les deux combats, pour une autre école, une autre société, toute séparation entre les deux dimensions de la transformation étant une impasse. Celles et ceux qui portent l’exigence d’une alternative émancipatrice et égalitaire aussi bien au niveau social que sur les questions scolaires et pédagogiques ont du mal à se faire entendre, pas uniquement mais notamment à cause de leur dispersion. Ces militant-e-s se trouvent en effet divisé-e-s syndicalement, ils et elles agissent aussi dans divers mouvements pédagogiques, dans des mouvements d’éducation populaire, des associations, des collectifs de lutte ou de résistance, des réseaux, dans l’animation de sites web, de revues, dans des initiatives d’universitaires, etc...
C’est pourquoi Sud Éducation 35 et la CNT Éducation 35 lancent un appel au rassemblement et à la construction d’un collectif pour des alternatives pédagogiques et sociales
Cet appel n’exclut personne : dans l’autonomie par rapport aux organisations politiques, il s’adresse à tou-tes les militant-es, à tou-tes les organisations, tendances et courants syndicaux, à toutes les associations, collectifs et réseaux, qui luttent à la fois contre le capitalisme et les inégalités et pour une école émancipatrice et des pédagogies coopératives. Cet appel n’est pas un coup de communication : c’est l’expression d’une volonté de construire avec les partenaires intéressé-es. Il ne s’agit pas pour nous de décider d’un cadre, d’une plate-forme ou d’une dénomination, mais de prendre notre part dans la construction d’un processus qui ne nous appartiendra pas. Cet appel s’inscrit dans une dynamique nationale, impulsée par la fédération Sud Éducation et soutenue par la Fédération CNT des Travailleur-euses de l’Éducation, avec comme objectif la création et la multiplication de ce type de collectifs partout où cela est possible. Toutes les organisations, associations, tous les courants, groupes, collectifs, réseaux, militant-es, etc..., sont invité-es à prendre contact avec nous pour échanger sur cette proposition. Par ailleurs, nos syndicats appellent d’ores et déjà à une première...
Assemblée Générale de création du collectif le samedi 21 janvier 2017 à l’Hôtel Pasteur (Rennes) à15h30
Cette rencontre sera suivie d’un débat avec Grégory Chambat, autour de son ouvrage L’école des réac-publicains, ainsi qu’en présence de Fanny Guillon, militante du Planning familial 35, organisation également engagée dans la lutte pour l’avortement et contre les réacs qui menacent les droits des femmes.
Appel soutenu initialement par Sud Éducation 35 et la CNT Éducation 35
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