Vers l’union de l’extrême-gauche !

On est nombreux-ses à avoir prédit qu’une victoire du RN serait possible mais peut-être pas aussi tôt, pas avant 2027 et les élections présidentielles. Mais pourtant, là, on y est : L’extrême-droite est aux portes du pouvoir. Va-t-on la laisser entrer ?

Les textes qui affirment que c’est seulement par la lutte qu’on pourra faire reculer le fascisme se mettent le doigt dans l’œil. Si le RN gagne ces élections, sa clique aura des ministres et aura le contrôle de la police et de l’école. Sans parler des subventions à la culture et aux associations qui vont sauter, et j’en passe. De les voir se trémousser au pouvoir participera, de fait, à leur dédiabolisation, et pire encore, à leur « normalisation ». A l’échelle de l’État, toutes les minorités verront leur accès aux droits remis en question par un pouvoir qui cautionne leur stigmatisation. Et, dans la rue, ce sera la porte ouverte aux exactions racistes, homophobes et transphobes !

Même avec un mouvement social, le pouvoir gardera le dernier mot, comme il l’a eu ces dernières années sous Hollande et Macron à coup de répression et de 49.3.

Alors, il faut en finir avec les positions puristes ;
A ne pas vouloir se salir les mains avec un bulletin de vote,
A vouloir conserver un statut radical figé au nom de la pureté militante,
Et, de fait, à compter secrètement sur celleux qui se décident à faire barrage.

Aller voter n’implique pas d’abandonner ses convictions au nom d’un système gangrené.
Aller voter est un compromis qu’on fait avec soi-même, par nécessité et, peut-être, par espoir.

Oui, on va voter pour " le moins pire " et ça n’est pas pour autant qu’on dira « amen » à tout ce qui sera mis en place.
Oui, j’ai moins peur d’un gouvernement d’union de la gauche que d’un gouvernement macroniste renforcé ou d’extrême-droite : parce que là ça sera vraiment la merde.

Le risque est trop grand pour rester campé dans des positions anti-vote : voter n’empêche pas de lutter par ailleurs.
Ça n’est pas parce que je vais mettre un bulletin dans l’urne que je ne pourrais pas contester, me mettre en grève, manifester pacifiquement (ou non). Et cela même si c’est un gouvernement d’union de la gauche qui gagne. Car, quelque soit le vainqueur, on devra être au rendez-vous.
Si c’est macron renforcé : il faudra être au taquet car il en profitera pour continuer sa casse sociale et sa politique raciste. Si c’est l’union de la gauche, on devra suffisamment foutre la pression pour qu’il n’oublie pas ses promesses. Et, si c’est l’extrême-droite, nous devrons activer la solidarité à fond. Je ne vais pas me lancer dans la supposition de ce qui pourrait se passer : je ne suis pas devin. J’espère juste que dans ce dernier cas, une grève générale sera lancée et qu’on pourra s’organiser.

Et si, même avec tout ça, vous n’avez pas décidé de voter pour le Front Populaire, vous devriez quand même lire ce qui va suivre.

Parce qu’il va tout de même falloir qu’on s’organise et, surtout, qu’on arrête de se tirer dans les pattes.

Alors, faisons l’union de l’extrême-gauche.

Qu’on en finisse avec toutes ces embrouilles de milieu qui pourrissent nos actions politiques depuis des années. Depuis quelques temps, on sent que l’extrême-droite se rapproche du pouvoir : dans les médias, dans les choix politiques des autres partis, dans les discours et, clairement, nous ne sommes pas à la hauteur. Loin de là. Malgré le danger qui se rapproche plus vite que prévu, j’entends encore des embrouilles de bas étage, des ragots, des rumeurs. Je vois encore des AG insupportables où la majorité ne fait que poser, s’interpeller avec hargne, camper sur ses positions.
Quand je dis qu’il faut « l’union » je ne voudrais pas laisser croire que tous les groupes ont les mêmes points de vue politiques. Je ne cherche pas non plus à mettre sous le tapis des divergences graves dues au fait qu’un groupe ou un autre couvrirait des violences en son sein.
Il aurait été appréciable que les divergences soient justifiées par des différences politiques, au lieu de rester dans un truc vague avec des accusations infondées, en cherchant à mettre les gens dans des cases. Par exemple :
« machin je l’aime pas parce qu’il est appeliste »,
« bidule est méchant parce qu’il est de la DC »,
« truc est sheum parce que c’est un babos ».

Arrêtez de faire croire que vos différences affinitaires sont politiques.

Il faut arrêter avec la posture du militant.e imbu de lui-même, qui pense tout savoir, qui juge les gens qui ne le sont pas. J’ai trop vu d’AG où des gens qui n’ont pas les codes ou pas tout à fait le même point de vue se font parler comme à des merdes, voire presque humilier en public.
Cas tout récent de mercredi dernier, à l’AG antifa, où une personne s’est faite carrément huer pour avoir juste proposer de se réapproprier le drapeau français comme symbole de la révolution française. Pourquoi ne pas en discuter alors qu’une AG est un lieu de discussion par essence ? Quelle utilité de juste la huer sans lui expliquer son désaccord ?
Ça suffit ! Nous n’avons pas le luxe de nous isoler en excluant celleux qui ne seraient ou ne penseraient pas tout à fait comme nous ! Où est la place pour les plus introverti.es, ceux qui n’ont pas les codes, qui ne sont pas pétri.es de certitudes, qui observent discrètement ce qui se passe et qui n’ont pas les qualités d’orateur-ice requise pour prendre le micro en AG ?

Nous n’avons pas le luxe de perpétrer les gue-guerres de chapelles militantes qui n’intéressent que notre entre-soi. Gue-guerres alimentées par les plus vieux et reprises par les plus jeunes, sans même les avoir vécues. Ceci peut-être pour s’intégrer plus rapidement ? On est nombreux-ses à avoir vécu ça étant jeunes, à rester sur des postures très radicales : ça permet de faire groupe, de se sentir fort. Je trouve qu’il y a aussi beaucoup d’égo là-dedans. C’est fatigant.

Après une pause de militantisme de quelques années, revenir ici m’a permis de prendre du recul sur tous ces comportements toxiques. J’ai l’impression que les groupes d’extrême-gauche passent plus de temps à se plaindre des autres groupes, à scruter le moindre faux pas ou la moindre parole qui déborde qu’à réellement s’atteler à construire un monde meilleur.

Donc, voilà, je ne vais pas m’étendre. Je le redis : la situation est grave, l’extrême-droite est littéralement aux portes du pouvoir. Faisons donc l’union de l’extrême-gauche. Nous avons globalement tou.te.s les mêmes idées et nous avons la chance de vivre dans une ville (Rennes) qui est très à gauche et où l’extrême-droite n’a pas encore sa place (autant dans les votes que dans la rue). Profitons donc pour faire quelque chose d’ambitieux, quelque soit le gagnant des élections à venir. Construisons un front à la base qui pourra lutter efficacement et avec joie contre le capitalisme et les oppressions. Et allons voter Front Populaire. Faire juste quelques manifs vénères ne suffira pas, on l’a bien vu ces dernières années. Il faut clairement changer de façon de faire (sans pour autant faire table-rase), il faut s’ouvrir, sortir des guerres d’égo et lutter ensemble.

Vive l’union de l’extrême-gauche, vive la lutte et la joie de vivre !