Qu’est-ce qu’une bassine ?
Les bassines sont des réserves d’eau géantes. Contrairement aux idées reçues, elles ne sont pas remplies par les pluies, mais principalement par pompage en hiver dans les nappes souterraines. Elles servent à irriguer des cultures intensives en été (maïs, tabacs, semences...) et permettent de sécuriser l’irrigation agricole telle qu’elle fonctionne depuis 40 ans.
Quelles sont les problématiques ?
SACCAGE DE LA RESSOURCE EN EAU
Les bassines ne sont pas des récupérateurs d’eau.
En hiver, près de 20 millions de m3 seraient pompés dans les nappes, au moment même où elles se rechargent, et sans savoir si les pluies suffiront à les remplir avant l’été. Maintenir, voire augmenter les prélèvements de certains irrigants n’est pas la réponse adaptée au changement climatique qui impose à tous des économies d’eau.
Pour l’approvisionnement en eau potable, le débit des rivières, le remplissage des zones humides et la biodiversité, les bassines sont un danger !
POMPAGE DE L’ARGENT PUBLIC
Un coût exorbitant de 72 millions d’euros, financés à 70 % par le financement public, pour les bénéfices privés de 4% seulement des agriculteurs et agricultrices.
Les éleveurs, les agriculteurs bio, les céréaliers non irrigués, les exploitants engagés dans la protection des captages d’eau potable… ne bénéficient pas des mêmes encouragements.
Double peine pour les contribuables qui financeront d’abord la construction des bassines et ensuite le coût de la dépollution de l’eau.
Le meilleur traitement contre la pollution et les déchets, c’est de les diminuer à la source.
Un détournement d’un bien commun au profit de quelques-uns.
ET NOTRE SANTÉ ?
Le projet des 43 bassines, c’est de maintenir les cultures intensives à haut rendement. Or ce modèle d’agriculture implique encore davantage de nitrates, de phosphates et de pesticides dans les nappes d’eau.
Autour de Poitiers, les taux de nitrates sont déjà dangereusement élevés (proche du maximum : 50 mg/l au robinet pour les nitrates).
Huit dérogations seront nécessaires en 2018 pour excès de pesticides dans l’eau du robinet ! L’agriculture intensive pose des problèmes sanitaires.
L’eau potable est un besoin vital !
NOUS AVONS BESOIN
- d’une agriculture qui réponde aux besoins d’une alimentation saine, de proximité et qui rémunère dignement le travail des agriculteurs et agricultrices ;
- d’une agriculture sans pesticides, sans OGM ;
- d’une agriculture adaptée au réchauffement climatique ;
- de l’instauration de circuits courts et bio et d’une agriculture paysanne qui crée des emplois ;
- d’une réorientation des aides publiques pour soutenir ce modèle agricole alternatif ;
- du partage équitable de la ressource en eau décidé de façon démocratique et publique ;
- d’une protection efficace des captages d’eau potable.
Vienne Nature se positionne contre ces projets de bassines
L’objectif de ce programme est de contourner les restrictions d’arrosage d’été en pompant dans les nappes avant la sécheresse et en stockant l’eau dans des réserves, les fameuses bassines. Le lobby à l’œuvre derrière cette manœuvre espère en effet éviter les effets les plus visibles (et médiatiquement négatifs) de l’actuelle surexploitation de la ressource en eau : assecs de rivières et débits d’eau désastreux. Or il n’est point question d’économie d’eau dans ce programme, contrairement à ce qui est annoncé !
Ce programme cumule les défaillances et résume une politique de l’eau fondée sur la fuite en avant : renforcement des grandes cultures irriguées gourmandes en eaux et en pesticides, ignorance des enjeux de santé publique et du changement climatique...
Considérant la gravité de ces risques, les associations Vienne Nature, l’UFC Que Choisir Vienne, la Confédération Paysanne, l’ADEMA (Association de Défense de l’Environnement de Migné-Auxances), Vivre en Clain et Poitou-Charente Nature saisissent le tribunal administratif de Poitiers contre les arrêtés préfectoraux qui autorisent quatre groupements d’irrigants à construire et exploiter les réserves du bassin du Clain.
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Reportage d’Envoyé Spécial du 4 mars 2021
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